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Les petits papiers de Magali
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Les petits papiers de Magali
11 novembre 2008

MAUS

MAUS, oui, d’accord, rien de très nouveau. Une BD traduite en 18 langues, pour laquelle Art Spiegelman, son auteur, a reçu le prix Pulitzer en 1992 (merci Wikipedia), ça ne passe quand même pas siii inaperçu que ça. Bon oui OK mais vous l’aviez lu vous ? Parce que moi non.
Et voilà une entrée en matière aux petits oignons pour justifier le thème de mon petit papier d’aujourd’hui. (Je ne sais pas pourquoi je me justifie d’ailleurs, j’ai genre zéro lecteurs, donc…)


maus_cover1


Bien, alors autant vous dire que déjà, avec une couverture pareille, on ne passe pas inaperçu dans le TER ligne Strasbourg-Sarreguemines (ah ces voyages en train…), c’est certain. Mais au diable Mme Truckmuschmitt en face de moi dans le train qui regardait d'un air dubitatif la tête-de-chat-croix-grammée ; MAUS m’a glacé et mangé toute crue.

C’est l’histoire d’Artie. Il est né en 1948, juste après la guerre, de parents juifs, qui ont survécu à la Shoah. Alors qu’il a tout juste 20 ans, sa maman se suicide. Quelques années plus tard, il décide de dessiner l’histoire de la vie de ses parents, au rythme d’entretiens, parfois un peu chaotiques, avec son père, qu’il enregistre tant bien que mal.

Art Spiegelman dessine des animaux. Des juifs-souris, des allemands-chats. Des polonais-cochons et des américains-chiens. Et il raconte l’histoire de son père, une histoire singulière qui fait partie du destin de tant d’autres personnes. Cette histoire, si dure, si inouïe, a fait dire à certains, après 1945, l’impossibilité de parler, comme Theodor Adorno, qui écrivit « C’est une barbarie d’écrire le moindre poème après Auschwitz ».
Mais Spiegelman fait partie de la génération d’après, l’héritière douloureuse, celle qui ne peut pas savoir et cherche à comprendre. Ses animaux lui permettent de faire quelque chose d’impossible : raconter la Shoah en BD. Rapporter le témoignage de quelqu'un qui a vécu Auschwitz. En noir et blanc, en dessin. Le résultat n’en est pas moins remuant ou moins dur – c’est peut-être même le contraire…
 On est émus et en colère, on souffre, on rit même, parfois (le personnage du père devenu vieux, irascible et radin, avec son drôle d’accent, est à la fois très drôle, agaçant et très touchant) – et quand on arrive à la fin du deuxième tome, après être passés par toute une guerre, et toute une palette d’émotions, on a un choc – une photo.
Pas une de ces photos pleine de barbelés et de corps décharnés, non. Simplement Vladek Spiegelman, le père d’Artie, à la fin de la guerre, « déguisé » en prisonnier pour la photo, très beau. Une vraie photo. Et c’est cette photo toute simple – presque une photo d’identité, qui nous fait prendre conscience que ces souris et ces chats ont vraiment existé. Existent toujours, sous d’autres aspects. 

Maus_un_Survivant_Raconte_Tome_2

 

Du coup, finalement, ça valait le coup de subir des regards outrés dans le TER Strasbourg-Sarreguemines.

Maus. Un survivant raconte Tome I et II, Art Spiegelman, 1992, chez Flammarion

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  • Musique. Petites histoires aussi croustillantes qu'insignifiantes. Coups de coeur/gueule/fourchette/pelle/etc. Récits délicieux d'une vie passionnante (haha). Bienvenue ici, croquantes et croquants.
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